Savasana est une posture difficile. Contrairement à ce que ce facétieux tee shirt arbore : « I’m just here for the Savasana » (je suis juste là pour faire la posture du cadavre) il ne faudrait pas croire que cette posture se résume à une attitude torpide ou engourdie. Elle est une clé de l’intégration du travail fait précédemment pendant la pratique des postures (asana). Inversement, certains ont du mal à se détendre car durant Savasana, ils ont encore en tête leur identité qui se cramponne au corps comme les myriades de fils lilliputiens emprisonnant Gulliver. Pour se détendre il s’agira de couper les tensions en coupant les fils qui nous relient à notre identité (familiale, professionnelle…). La posture est donc très délicate à comprendre, car elle doit être sattvique (éveillée et passive) ; elle permet d’intégrer les postures et leurs effets.
L’assoupissement est parfois inévitable, c’est pour cela que Savasana est difficile. Le maximum du corps est en contact avec la terre, et tel un serpent qui mue, la posture est un dépouillement de toutes les peaux, d’enveloppes, de pensées, de préjugés, d’idées de souvenirs…
Entre l’agitation mentale et/ou physique et la léthargie ou l’absence, il nous faut trouver le chemin de la clarté qui tient le présent en oubliant toute forme. Savasana, c’est ETRE sans « a été » et sans « sera ». Savasana voit le temps comme une présence, et non un mouvement ; on devient rien et personne. Cette posture est la clé de l’intégration de la vraie nature du temps dans la conscience. Dans Savasana, on est à l’orée d’un grand mystère. Il faut rompre avec l’idée du devenir, et penser tout simplement à être… et encore à être…
Je suis très motivée à vous livrer ce petit laïus que certains élèves ont apprécié lors de la fin de quelques cours dispensés cette année ; l’influence vient du chapitre 7 (Vivre Libre) de ma lecture de « La voie de la paix intérieure » de BKS Iyengar.